Il faudrait inventer les réfugiés s’ils n’existaient pas

L’Aquarius est à quai dans le port de Marseille, dans l’attente qui se présente longue de l’obtention d’un hypothétique pavillon lui permettant de reprendre sa mission de sauvetage. Reprenant symboliquement le flambeau, le Mare Jonio et l’Astral poursuivent sa veille dans les eaux internationales au large de la Libye, mais pour combien de temps encore ? Pour les autorités européennes, les ONG sont des fauteurs de trouble dont l’action humanitaire doit impérativement cesser, ils ne sont pas loin du but.

La relance, cette grande absente

Selon Eurostat et la BCE, les prévisions de croissance se réduisent en Europe, et c’est particulièrement valable pour l’Italie, l’Espagne et la France. La Commission prévoit une hausse du PIB de 1,8% pour la zone euro, qu’elle avait initialement fixé à 2,3%. Circonstance aggravante, la montée de l’inflation – qui doit beaucoup à celle du pétrole – va davantage rogner le pouvoir d’achat. Un plan de relance serait nécessaire, mais il brille par son absence faute de financement disponible. À l’optimisme un peu forcé qui prévalait a succédé une discrète inquiétude, comme si l’effet du rattrapage enregistré s’épuisait et qu’il … Lire la suite

L’Espagne pourra-t-elle sauver l’honneur européen à elle seule ?

Lorsque l’Open Arms, l’un des rares navires des ONG continuant à opérer, a débarqué dans le port de Barcelone 60 réfugiés recueillis au large de la Libye, Ada Colau, sa mairesse, a immédiatement twitté : « Ils sont enfin arrivés dans le port de Barcelone en chantant et en dansant. Ils auraient pu mourir, mais ils sont en vie. Voilà la Méditerranée et l’Europe que nous voulons, où la vie est célébrée et protégée ». Elle détonne et c’est tout à son honneur.

Réfugiés, la discorde à vingt-huit

Profitant de la réunion du mini-sommet informel, Matteo Salvini accentue sa pression. Le Lifeline, un navire affrété par une ONG allemande, connait actuellement le même sort que l’Aquarius et attend en pleine mer l’ouverture d’un port avec 239 réfugiés à son bord. Au ministre italien qui parlait il y a quelques jours de cargaison de « chair humaine », l’ONG a répliqué « nous n’avons pas de viande à bord, seulement des humains », l’invitant à venir voir par lui-même en concluant « vous êtes le bienvenu ! ».

Les lignes bougent de tous les côtés

La provocation de Matteo Salvini a atteint son but au-delà de toute espérance. Il a mis en évidence la cacophonie européenne qui ne demandait qu’à se réveiller à propos des réfugiés et dont il entend profiter. Elle ne va pas manquer de s’exprimer lors du sommet de fin juin, où une nouvelle réglementation succédant à celle Dublin n’a aucune chance d’être trouvée. Entre répartir une immigration sélectionnée grâce à la redéfinition du droit d’asile et barricader les frontières de l’Europe, le choix est impossible.